Noël : quand le monde se livre à la débauche lumineuse…
Un gouffre d’énergie.
On sait peu que ces décorations lumineuses consomment en décembre, selon une étude de l’ADEME[1], les trois quarts d’une tranche de centrale nucléaire alors que la production électrique peine à fournir l’énergie nécessaire au chauffage à cette époque de frimas, contraignant EDF à remettre en route de vieilles installations fonctionnant au charbon, sources de gaz à effet de serre… Mais il est vrai que si jusqu’à ces dernières années les illuminations démentes restaient réservées aux gens fortunés ou aux employés des compagnies d’électricité, la survenue des lampes à led, parfois alimentées par le solaire, a drastiquement changé la donne !
Les Américains, champions du monde de l’excès.
On ne sera donc pas étonné d’apprendre que les Américains restent les champions du monde de l’overdose éblouissante à l’instar de la famille Hyatt qui demeure à Fort Lauderdale en Floride, dont la maison est illuminée par près de 200 000 lumières : grande roue de 6 mètres, un sapin de 10 mètres de haut, guirlandes par centaines, rien n’est oublié pour mériter le nom que les Hyatt ont attribué à leur home, sweet home : le Noël de l’extrême. Au grand dam du voisinage qui goûte peu les milliers de visiteurs qui envahissent chaque année ce quartier tranquille.
Une émission de téléréalité et 50 000$ de prime !
Kevin Lynch, pompier à la retraite dans le Queens (New York) bataille avec ses voisins depuis vingt ans à grands renforts de surcharge électrique, encouragés par une émission de téléréalité de la chaîne ABC, The Great Christmas Ligth Fight, qui offre un prix de 50 000$ à la plus belle (comprenez « énorme ») illumination ! Et chacun de se dédouaner de ses excès condamnables en expliquant que les dons récoltés sont entièrement redistribués à des organismes de charité. De la même façon, toujours aux États-Unis, des quartiers entiers se mobilisent pour submerger rues et façades d’éclairages, décuplant ainsi l’attrait touristique de la ville, à l’exemple de Baltimore (Miracle on 34th street).
Dans le reste du monde aussi...
Mais ne croyez pas que les USA sont les seuls à pratiquer cette débauche de décorations de Noël puisque David Richard, à Canberra (Australie) est entré dans le Livre des records pour avoir installé le plus grand nombre de lampes au monde avec quelque 518 838 exemplaires. Un gâchis dont se défend l’Australien qui explique que ces lumières sont intégralement alimentées par de l’énergie renouvelable produite localement et que le but est de récolter de l’argent pour une association de soutien aux parents touchés par la mort subite du nourrisson. La morale est sauve, mais peut-être pas le bon goût.
Les Français se montrent plus sobres...
En Angleterre aussi, à Bristol plus précisément, la famille Brailsford illumine sa maison depuis 1994 et attire tellement de visiteurs qu’elle a entrepris de lever des fonds pour soutenir des œuvres, en l’occurrence à destination de l’hôpital pour enfants de la cité. Aux Philippines, on n’est pas en reste avec la célèbre rue Policarpio dans la ville de Mandaluyong où les habitants rivalisent d’illuminations de Noël toutes plus folles les unes que les autres. Et tout ça, sans un seul flocon de neige ! Pour terminer, il faut reconnaître que les Français se montrent bien plus sobres même si on voit apparaître, dans quelque village reculé, une surcharge multicolore à l’image de Jessy et Virginie Kazmierski qui ont fait forte impression dans le Nord.
[1] Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie : un établissement public sous la tutelle du ministère de l'écologie.