Comment distingue-t-on les différents types de villages ?
Jusqu’à une époque récente, les choses étaient simples : le bourg disposait d’un marché contrairement au village qui, lui, comportait une église paroissiale qui le distinguait du hameau. Hélas, l’administratif issu de la Révolution a entraîné le grand chambardement des appellations, faisant alors apparaître des divisions nouvelles telles que le département, le district, le canton et la municipalité, entre autres. Après tout, pourquoi faire fonctionnel quand on peut faire fonctionnaire ?
Le bourg.
Comme nous venons de le voir, le bourg se distinguait du village par son marché, pour lequel une autorisation administrative était nécessaire. Il se situait ainsi entre le village et la ville, même si, contrairement à cette dernière, sa nature rurale prédominait. Un vocable qui semble le fruit du croisement entre le latin burgus (la fortification, la tour de défense) et le germanique burg qui désigne une ville fortifiée, pour décrire finalement, au Moyen-Age, une agglomération généralement installée près d’une fortification, qu’elle soit château ou monastère. Un bourg qui s’étendait souvent hors de ses enceintes, des quartiers qu’on nommait les faux bourgs (en deux mots).
La bourgade.
Comme on pouvait s’y attendre, la bourgade est une variante du bourg, aux dimensions plus réduites même si certains avancent qu’elle s’en distingue par l’absence de fortifications. Ce que conteste Littré qui précise que dans une bourgade, les maisons sont plus espacées que dans un bourg. Un sens qui semble perdurer aujourd’hui même si bourgade est devenu, dans le langage commun, un terme descriptif plaisant : Montaigu de Quercy est une sympathique bourgade…
Le patelin.
Ce n’est qu’au XXe siècle qu’on verra apparaître ce vocable dans les dictionnaires, au sens de petit village, de façon plus ou moins péjorative, certainement dérivé de pasquelin, un mot d’argot du XVIIe qu’on trouve avec diverses graphie, déformation de pastis ou de pâtis en ancien français qui désignait une terre de pâture puis, par extension, un foyer domestique. Un terme aujourd’hui pour le moins familier et souvent péjoratif.
Le bled.
L’origine algérienne du terme n’étonnera personne puisqu’il est une déformation de blad qui signifie terrain, pays, que les militaires d’Afrique du Nord employèrent à la fin du XIXe siècle pour désigner un territoire. Ce qui se muera quelques décennies plus tard en la description d’un endroit, d’un cantonnement avant de s’appliquer, dans l’entre-deux-guerres, à un village isolé, plutôt pauvre.
Le hameau.
Pour revenir à la définition entrevue dans notre préambule, le hameau, dont l’étymologie est le vieux français ham, de même sens, se distingue du village par l’absence d’une église paroissiale (la précision de l’épithète est importante car il est des hameaux qui possèdent une église…). Ce qu’atteste bien la première édition du dictionnaire de l’Académie française qui indique qu’il s’agit d’un petit nombre de maisons écartées du lieu où se trouve la paroisse. D’ailleurs, on y substituait, dans certaines régions, écarts ou écartés même si cela se rapportait plutôt à une seule habitation et non à plusieurs comme dans le cas du hameau qui, au final, est simplement un groupe d’habitations situées à l’écart d’un village.
Le mesnil.
Un terme du vieux français, parfois orthographié maisnil ou mênil, issu du bas latin mansionile qui désignait initialement une maison et les terres qui en dépendaient puis, par extension, un petit village, un hameau. Un vocable tombé en désuétude qu’on ne trouve plus aujourd’hui que dans le nom de certaines villes (Blanc-Mesnil, Mesnil-le-Roi…) ou de quartiers (Ménilmontant).
La paroisse.
A l’origine, il s’agissait d’un territoire dont les habitants étaient soumis à l’autorité spirituelle d’un curé. Une circonscription d’on tirait également profit l’administration puisqu’elle était le ressort de perception de la dîme bien sûr, mais également de certains impôts royaux et seigneuriaux. Une division ecclésiastique qui disparaîtra à la Révolution au profit des municipalités et autres communes.
Un mot dérivé du latin chrétien patochia de même sens, lui-même issu du grec paroikia décrivant un séjour dans un pays étranger puis, par extension, une communauté singulière, une église au sens propre du terme (assemblée).
Le feu.
Il s’agit, en vieux français, de l’équivalent de notre foyer, autrement dit le logement familial, une maison habitée, parfois un simple ménage, même si la statistique donnait trois ou quatre personnes par feu. Une unité démographique qui se transformera rapidement en unité fiscale jusqu’au XVIIIe siècle, pour devenir alors notre « cher » foyer fiscal actuel.
Le lieu-dit.
L’acception du terme est souple puisqu’il peut s’agit de n’importe quel lieu qui porte un nom évoquant une singularité historique voire topographique. Il est le plus souvent lié à la campagne, où d’anciennes communes se sont transformées, au fil du temps, en lieux-dits, même si on connaît tous des lieux-dits en ville, comme la Défense à Paris. On notera qu’il se différencie du hameau par le fait qu’il n’est pas forcément habité.
A lire aussi : Le cadastre, une réalité fiscale