Internet malmène les grandes surfaces. Une chance pour le commerce de proximité ?
Un piètre contrôle des implantations de grandes surfaces.
Dès le début des années 1960, avec l’implantation des premiers supermarchés puis hypermarchés sur notre sol, de nombreux économistes et observateurs ont compris qu’à terme cette nouvelle forme de ventes mettrait à mal le commerce de proximité qui avait prévalu dans les villes de France et de Navarre depuis des siècles. À tel point qu’en 1973, la loi dite Royer, soumettait à autorisation l’ouverture de grandes surfaces (plus de 1000 m²). Un contrôle au final plutôt laxiste puisque ce type de distribution allait massivement s’installer en périphérie des agglomérations, petites, moyennes ou importantes, contribuant dès lors à la désertification de l’offre marchande en centre-ville.
L’État s’en mêle…
Rien de neuf sous le soleil, certes, mais après des décennies de laisser-aller, et confronté à une disparition inquiétante des magasins de proximité qui désertifie les communes moyennes, l’État semble vouloir reprendre les choses en main, notamment avec son opération « Cœur de ville » dotée d’un budget de quelque 5 milliards d’euros. Pourtant, depuis quelques mois ou même années, c’est au tour des supermarchés de souffrir de l’apparition de l’e-commerce (l’achat en ligne sur internet) et de son indéniable succès auprès des consommateurs.
Des hypermarchés qui se restructurent.
En effet, et le vaste plan de « restructuration » de l’enseigne Carrefour n’en constitue que les prémices, les hypermarchés voient peu à peu leurs rayons désertés ou, à tout le moins, ne connaissent plus leur belle croissance d’antan. Outre-Atlantique, le phénomène s’est amplifié à tel point que même les grands centres commerciaux qui réunissent des dizaines voire des centaines de magasins en un même lieu, ferment les uns après les autres. Une tendance qui, en toute logique, devrait bientôt atteindre nos rivages.
Le click & collect, une solution ?
Bien entendu, cela n’annonce pas la fin du modèle de la grande surface mais tout simplement des difficultés futures. Surtout en dehors de l’alimentaire (car celui-ci demeure la chasse gardée des magasins physiques) quand des géants comme Amazon présentent des offres infinies pour une variété non moins incommensurable de produits. Pourtant, le besoin de boutiques avec pignon sur rue perdure, pour preuve l’ouverture de « vrais magasins » par le leader américain de la vente par correspondance ou encore le système de click & collect initié en France par l’enseigne Darty et repris depuis lors par la distribution d'articles spécialisés à l’instar de l’Algam-Webstore qui propose en ligne des instruments de musique et mise sur son réseau de 300 revendeurs répartis sur le territoire français.
Le commerce de proximité a une carte à jouer.
Étonnamment, parallèlement à cette prépondérance grandissante de l’e-commerce, les magasins de proximité gardent une carte à jouer si tant est qu’ils s’adaptent à la demande des consommateurs d’une part et qu’ils tirent profit de la révolution numérique d’autre part. Dans le baromètre « Centre-ville et commerces : attentes et usages des Français », il apparaît que les Français souhaitent dans leur grande majorité acheter chez les « petits commerçants ». Assurément, il y a loin de la coupe aux lèvres mais entre la perte d’attractivité des grandes surfaces en périphérie des villes et les réseaux de magasins physiques de l’e-commerce appelés à se multiplier, la vente de proximité devrait retrouver une place significative où services et accueil du client rimeraient avec compétitivité des prix et choix étendu.